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Page:Henry Blatin - Les courses de taureaux (1868).pdf/64

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Sans doute, aux époques glorieuses de son histoire, l’Espagne a eu des courses de taureaux ; mais elles ne se sont généralisées, elles ne se sont établies dans les moindres bourgades, qu’après l’expulsion des Maures, quand l’agriculture et l’industrie de ce beau pays furent anéanties ; alors son esprit guerrier ne tarda pas à se perdre ; et ce peuple, qui avait longtemps occupé le premier rang parmi les nations, descendit presque au dernier. De nos jours, il fait de louables efforts pour reconquérir sa splendeur. N’hésitons pas à proclamer qu’un des meilleurs moyens d’y parvenir serait la fermeture de ses cirques.

On sait que, sur les quinze grands États fondés par l’Espagne dans l’Amérique, treize, depuis leur émancipation, ont aboli les courses à mort.

Le sentiment qu’éprouvent les étrangers, en assistant pour la première fois aux scènes d’égorgement et d’éventration qui passionnent les habitués, et font vibrer si profondément la fibre nationale, est une impression repoussante, un serrement de cœur, un éblouissement mêlé de dégoût, de terreur et de pitié ; mais, hélas ! après quelques séances, une espèce de fascination et d’enivrement succède au dégoût ; la pitié s’ef-