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étrangers s’ériger en paladins, et défendre ce que la presse espagnole cherche à renverser, au nom de la morale et de l’humanité[1]. »

Peignant, dans une page émue, l’agonie atroce du cavalier que le taureau charge sur ses cornes et présente au public, et qui, de cet échafaud vivant, lancé dans l’espace, puis retombant, baigné de sang, la tête fendue, s’affaisse enfin expirant, sans que la fête s’interrompe, Fernand Caballero adresse cette apostrophe à ses concitoyens :

« Et vous vous en laverez les mains, en disant que le toreador se présente volontairement au combat ! Non ! non ! on ne fait pas taire la conscience avec un pareil subterfuge. Non ! Si vous ne donniez pas votre or, si vous n’animiez pas ces hommes par vos applaudissements enthousiastes, il n’y aurait pas de toreadores. Vous dites que vous êtes dix mille : excuse sans valeur ! Le sang d’un homme se compose d’assez de gouttes, pour qu’il y en ait une qui tache chacune des monnaies que vous donnez pour payer les frais de ces sacrifices humains ; et le

  1. Scènes de la vie espagnole. — Œuvres de Fernand Caballero, traduites par M. Léon Vinzeau.