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serait pas contraire au sentiment de pitié que nous éprouvons pour ce pauvre animal.

Quant au côté pratique de la question, diverses objections se sont produites.

Et d’abord on a dit que, s’il fallait engraisser un vieux cheval avant de le livrer à la boucherie, le prix de vente ne compenserait pas les frais de l’engraissement. Il y aurait perte. C’est donc une industrie qui ne pourrait pas s’établir.

À cela il a été répondu par M. Leblanc que non-seulement il ne serait pas utile, mais qu’il serait désavantageux d’engraisser le cheval, attendu que sa graisse n’est pas bonne. La viande maigre est meilleure. Et, sans nier que la viande d’un jeune cheval ne vaille mieux que celle d’un vieux, il peut affirmer, par expérience, que cette dernière est très-mangeable. Elle fournit un bon bouillon, et elle est très-nourrissante.

M. Decroix a ajouté que, si la graisse de cheval n’est pas bonne pour être mangée avec la chair, elle est excellente et même supérieure à toute autre, pour certains usages culinaires. Comme elle reste toujours liquide, elle peut aussi remplacer l’huile.

Qu’il me soit permis de rappeler que dans une lettre adressée à M. Godin notre collègue, M. le pasteur Bœdeker déclare avoir mangé de la chair d’un cheval de trente ans que le roi de Hanovre avait fait tuer, et qu’elle n’était ni dure, ni désagréable, ni peu substantielle.

Mais, a-t-on dit, le cheval est sujet à des maladies graves et contagieuses, telles que la morve et le farcin ; n’y aurait-il pas danger à manger la chair d’un cheval atteint d’une de ces affections ?

On a répondu que la même objection peut être faite à l’égard des autres animaux de boucherie. Le bœuf même est plus exposé au charbon, que le cheval. Bien que des expériences, plusieurs fois répétées par M. Renault, professeur à l’École d’Alfort, aient à peu près démontré que la chair d’un animal malade, quand elle est cuite, n’a jamais produit d’accident sur les hommes ou sur les animaux qui en ont fait leur nourriture, — la cuisson détruisant le principe morbide, — la Commission a été unanime pour déclarer que la police aurait à exercer une surveillance exacte sur les chevaux conduits à l’abattoir, comme elle le fait sur les autres animaux de