Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/110

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que s’augmenter d’une quantité égale à ce qu’ils sont aujourd’hui. » « Les effets nécessaires de ces deux rapports d’accroissement, produits ensemble, seront très frappants, » ajoute naïvement M. Malthus. Il les produit donc ensemble (chap. 1) :

« Disons que la population de cette île est de onze millions d’habitants ; et supposons le produit actuel égal à ce qu’il faut pour nourrir facilement ce nombre d’habitants. Dans les premiers vingt-cinq ans la population atteindrait vingt-deux millions, et la nourriture ayant aussi doublé, les moyens de subsistance seront égaux à cet accroissement. Dans les vingt-cinq ans qui suivront, la population serait de quarante-quatre millions, et les moyens de subsistance ne seraient suffisants que pour trente-trois millions d’individus. Dans la période suivante, la population atteindrait le chiffre de quatre-vingt-huit millions, et les moyens de subsistance ne pourraient suffire qu’à la moitié juste le ce nombre. À la fin du premier siècle, la population atteindrait le chiffre de cent soixante-seize millions, et les moyens de subsistance ne pourraient faire vivre que cinquante-cinq millions d’habitants : il y aurait donc cent vingt et un millions d’hommes qui manqueraient absolument du nécessaire pour vivre.

« Prenons la terre entière au lieu de cette île, en ne tenant naturellement pas compte de l’émigration ; en supposant qu’il y ait mille millions d’habitants sur la terre, l’espèce humaine croîtra comme les nombres 1, 2, 4, 8, 16, 32, 64, 128, 256, et les moyens de subsistance comme les nombres 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. En deux siècles, la population serait aux moyens de subsistance comme 256 est à 9 ; en trois siècles, comme 4, 096 est à 13, et en deux mille ans, la différence serait presque in calculable. »

Le fait physique qu’il n’y a pas plus d’hommes qu’il n’y a de moyens de subsistance, empêche naturellement un semblable résultat ; et la conclusion de Malthus est que cette tendance de la population à s’accroître indéfiniment, doit être contrariée