Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/125

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d’un art supérieur à celui que connaissaient les Indiens quand les blancs entrèrent en relation avec eux.

Quant à l’Afrique, il ne peut y avoir de doute. Le nord de l’Afrique ne contient qu’une fraction de la population qu’elle a eue dans les anciens temps ; la vallée du Nil a renfermé jadis une population énorme en comparaison de celle d’aujourd’hui, tandis que dans le sud du Sahara rien ne prouve qu’il y ait eu un accroissement depuis les temps historiques, et là, la traite des noirs a certainement amené la dépopulation.

Pour l’Asie, qui même aujourd’hui, renferme plus de la moitié de la race humaine, bien qu’au point de vue de la densité, elle soit moitié moins peuplée que l’Europe, nous avons des indications qui montrent que l’Inde et la Chine ont été beaucoup plus peuplées que maintenant, et que ce grand terrain producteur d’hommes d’où sont partis des essaims entiers pour l’Inde et la Chine puis pour l’Europe, a dû être bien plus populeux. Là où le changement est le plus marqué, c’est en Asie Mineure, en Syrie, en Babylonie, en Perse, dans tout le pays en un mot qu’avaient soumis les armées conquérantes d’Alexandre. Là où furent jadis de grandes cités et des foules immenses, on trouve aujourd’hui des villages malpropres et des déserts stériles.

Parmi toutes les théories qui ont été énoncées, il est étrange qu’on n’ait pas répandu l’idée qu’il y a sur la terre une quantité fixée de vie humaine. Cela s’accorderait en tous cas mieux avec les faits historiques, que ne le fait l’idée d’une tendance excessive de population. Il est clair qu’ici la population diminue et que là elle augmente ; ses centres ont changé ; de nouvelles nations sont nées, de vieilles nations ont décliné ; des pays à peine connus sont devenus populeux, et les pays populeux, déserts ; mais aussi loin que nous pouvons remonter sans tomber dans l’âge des suppositions, rien ne nous prouve un accroissement continu de population, ou même un accroissement périodique. Autant que nous pouvons nous en rendre compte, jamais les