Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/127

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Besant essaie en ce moment de populariser en Angleterre ?

Et l’on doit se rappeler que des sociétés ont existé où la communauté garantissait à chaque membre un emploi et des moyens de subsistance. John Stuart Mill dit (livre II, chap. XII, section II) que, accorder cette garantie sans régler les mariages et les naissances, c’est produire un état général de misère et de dégradation. « Ces conséquences, » dit-il, « ont été si souvent et si clairement signalées par des auteurs connus, qu’il est impardonnable aux personnes instruites de les ignorer. » Cependant à Sparte, au Pérou, dans le Paraguay, et dans les communautés industrielles qui semblent, presque partout, avoir constitué l’organisation agricole primitive, on paraît avoir été dans l’ignorance profonde de ces terribles conséquences d’une tendance naturelle.

À côté de ces faits très généraux, il y a des faits qui ressortent de l’expérience de chacun, et qui semblent absolument en désaccord avec cette tendance excessive à la multiplication. Si la tendance à la reproduction est aussi puissante que le suppose Mathus, comment se fait-il que si souvent des familles s’éteignent, et des familles qui ne connaissent pas le besoin ? Comment se fait-il donc, lorsque toute prime est offerte par des titres héréditaires et des possessions héréditaires, non seulement au principe d’accroissement, mais à la conservation de la science généalogique, et à la preuve de la descendance, que dans une aristocratie comme celle de l’Angleterre, tant de pairies tombent, et que de siècle en siècle on soit obligé de faire des créations nouvelles de pairs pour conserver la Chambre haute ?

Pour trouver un exemple solitaire d’une famille ayant duré très longtemps, bien qu’ayant sa subsistance assurée, et étant comblée d’honneurs, il faut que nous le cherchions dans la Chine immuable. Là existent encore les descendants de Confucius, et ils jouissent de privilèges particuliers et d’une grande considération, si bien qu’ils forment en réalité la seule aristo-