Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mation de la richesse ont augmenté avec encore plus de rapidité que la population, et que si une classe est moins pourvue, c’est seulement à cause de la plus grande inégalité de distribution.

Ce qui est évident dans ce cas particulier, l’est également partout où l’on porte les yeux. Les pays les plus riches ne sont pas ceux où la nature est la plus prodigue, mais ceux où le travail est le plus productif, ce n’est pas le Mexique, mais le Massachussets, ce n’est pas le Brésil, mais l’Angleterre. Les pays où la population est la plus dense et demande le plus à la nature, sont, les autres circonstances étant égales, les pays où l’on peut consacrer la plus grande partie du produit au luxe, à l’entretien des non-producteurs ; les pays où le capital abonde, et où, lorsqu’une nécessité se présente, en cas de guerre par exemple, on peut pratiquer la plus forte saignée. La production de richesse doit, en proportion du travail fait, être plus considérable dans un pays très peuplé comme l’Angleterre, que dans les pays nouveaux où les salaires et le taux de l’intérêt sont élevés, c’est ce que prouve le fait que, bien qu’une plus petite proportion de la population soit occupée à un travail producteur, il existe un surplus plus considérable applicable à d’autres desseins qu’à la satisfaction des besoins physiques. Dans un pays nouveau toutes les forces de la communauté sont consacrées à la production, il n’y a pas d’homme bien portant qui ne fasse un travail productif quelconque, pas de femme qui n’accomplisse sa tâche domestique. Il n’y a pas de pauvres ni de mendiants, pas de riches oisifs, pas de classe travaillant à satisfaire les goûts ou les caprices du riche, pas de classe purement scientifique ou littéraire, pas de classe criminelle vivant de vols faits à la société, pas de classe nombreuse entretenue pour garder la société contre cette dernière. Cependant, lorsque toutes les forces de la communauté sont ainsi consacrées à la production, il n’y a pas en proportion de toute la population, une consommation de richesse égale à celle que font les vieux pays ; car bien que la condition de la classe infé-