Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/183

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exister quand on formule les principes de l’économie politique), détermine quelle rente, ou quel prix, peut être retirée par le propriétaire, est appelée la loi de la rente. Ceci fixé, nous avons mieux qu’un point de départ pour déterminer quelles sont les lois qui gouvernent les salaires et l’intérêt. Car, comme la distribution de la richesse est une division, en connaissant sûre ment ce qui fixe la part du produit qui forme la rente, nous déterminons aussi ce qui fixe la part laissée pour les salaires, là où il n’y a pas coopération du capital, et ce qui fixe les parts laissées pour les salaires et l’intérêt là où le capital coopère à la production.

Heureusement que la loi de la rente ne donne lieu à aucune discussion. Ici les autorités sont d’accord avec le sens commun[1], et la formule acceptée par l’économie politique courante a le caractère d’évidence a priori d’un axiome de géométrie. Cette loi admise de la rente, que John Stuart Mill appelle le pons asinorum de l’économie politique, est aussi parfois nommée la « loi de la rente de Ricardo, » parce que, bien qu’il ne l’ait pas formulée, il a été le premier à l’exposer, de manière à la faire re marquer ? [2]. La voici :

La rente de la terre est déterminée par l’excès de son produit sur ce que la même culture produirait dans la moins productive des terres en usage.

La loi, qui naturellement s’applique aussi à la terre travaillée dans un autre but que l’agriculture, et à toutes les ressources

  1. Je ne veux pas dire que la loi acceptée de la rente n’ait jamais été discutée. Dans tout le fatras dépourvu de sens qu’on a publié depuis quelque temps sous le nom d’économie politique, il serait difficile de trouver quelque chose n’ayant pas été discuté. Mais je veux dire que cette loi a la sanction de tous les économistes faisant réellement autorité. Comme le dit John Stuart Mill (livre II, chap. xvi) « il y a peu de personnes qui lui aient refusé leur assentiment, excepté celles qui ne l’ont pas bien comprise. La manière vague et décousue avec laquelle l’attaquent ceux qui affectent de la réfuter est très remarquable. » Voilà une observation qui depuis a été bien souvent applicable à nouveau.
  2. Suivant Mac Culloch, la loi de la rente a été exposée pour la première fois dans un pamphlet par le Dr James Anderson d’Edimbourg, en 1777, et au commencement de ce siècle à la fois par Sir Edward West, Malthus et Ricardo.