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Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/186

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que soient ces corollaires, la doctrine courante des salaires (appuyée et fortifiée non seulement par les raisons que nous avons déjà signalées, mais encore par des considérations dont nous mesurerons le poids quand nous atteindrons les conclusions que nous poursuivons) a empêché qu’on ne les reconnaisse[1]. Cependant n’est-ce pas aussi simple que la plus simple des démonstrations géométriques, que de dire que le corollaire de la loi de la rente est la loi des salaires, dans laquelle la division du produit est simplement entre la rente et les salaires, ou bien la loi des salaires et de l’intérêt pris ensemble, dans laquelle la division est entre la rente, les salaires et l’intérêt ? En renversant les choses, la loi de la rente est nécessairement la loi des salaires et de l’intérêt pris ensemble ; car elle affirme, quelle que soit la production qui résulte de l’application du travail et du capital, que ces deux facteurs recevront seulement en salaires et en intérêt une part du produit égale à ce qu’ils au raient pu produire sur une terre qui leur serait livrée sans obligation de payer une rente, et qui serait la moins productive des terres, ou le point le moins productif des terres cultivées. Car si tout ce qui, dans le produit, dépasse la somme que le travail et le capital pourraient retirer d’une terre pour laquelle aucune rente ne serait payée, doit aller aux propriétaires sous forme de rente, alors tout ce qui peut être réclamé par le travail et le capital comme salaire et intérêt, est la somme qu’ils auraient pu retirer d’une terre ne rapportant pas de rente.

Ou, pour mettre ceci sous une forme algébrique :

Comme le Produit = la Rente + les salaires + l’Intérêt,

Donc le Produit — la Rente = les Salaires + l’Intérêt.

Donc les salaires et l’intérêt ne dépendent pas du produit du travail et du capital, mais de ce qui reste après la rente prise ; ou bien ils dépendent du produit qu’ils pourraient obtenir sans payer la rente, c’est-à-dire en cultivant la terre la plus pauvre

  1. Buckle (chap. II de l’Histoire de la civilisation) reconnaît la relation nécessaire entre la rente, l’intérêt et les salaires, mais ne l’a évidemment jamais étudiée.