Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/193

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vrable pour faire un nouveau rabot. Si Guillaume n’avait pas emprunté le rabot il aurait pris dix jours pour s’en faire un, dont il se serait servi pendant les 290 jours restant. Donc si nous prenons une planche pour représenter le fruit d’un jour de travail au rabot, si, à la fin de l’année, aucun emprunt n’avait eu lieu, chaque charpentier se trouverait par rapport au rabot, comme au commencement, Jacques avec un rabot, Guillaume sans rabot, et chacun aurait eu, comme résultat de l’année de travail, 290 planches. Si les conditions de l’emprunt avaient été celles d’abord proposées par Guillaume, la même situation relative aurait existé. Guillaume aurait travaillé 290 jours et employé dix jours à faire un rabot pour rendre à Jacques. Jacques aurait pris les premiers dix jours de l’année pour faire un autre rabot qui aurait duré 290 jours, et à la fin de ce temps il aurait reçu un nouveau rabot de Guillaume. Donc si le rabot avait simplement été rendu, les deux charpentiers se seraient trouvés à la fin de l’année dans la même position que si l’emprunt n’avait pas été fait. Jacques n’aurait rien perdu au gain de Guillaume, et Guillaume n’aurait rien gagné à la perte de Jacques. Chacun aurait reçu la rétribution qu’il devait en tout cas recevoir pour son travail, c’est-à-dire 290 planches et Jacques aurait l’avantage d’un nouveau rabot, avantage avec lequel il avait débuté.

Mais si, en plus du rabot, Jacques reçoit une planche, il se trouve à la fin de l’année dans une meilleure position que s’il n’y avait pas eu d’emprunt, et Guillaume dans une pire. Jacques a 291 planches et un rabot neuf, et Guillaume 289 planches et pas de rabot. Si maintenant Guillaume emprunte la planche aussi bien que le rabot, avec les mêmes conditions qu’auparavant, il devra à la fin de l’année rendre à Jacques un rabot, deux planches et une fraction de planche, et s’il emprunte encore cette différence, et ainsi de suite, n’est-il pas le revenu de l’un décroîtra progressivement, que celui de l’autre augmentera progressivement, jusqu’au moment où, comme résultat du