Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/211

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Indien de tuer, disons un buffle tous les jours, alors qu’avec un bâton et des pierres il n’en tuerait pas un par semaine ; mais le fabricant d’armes de la tribu ne pourra pas réclamer au chasseur six des sept buffles tués, comme rétribution de l’usage de l’arc et des flèches ; le capital placé dans une fabrique de laine ne rapportera pas non plus au capitaliste la différence entre le produit de la fabrique, et ce que la même somme de travail aurait produit avec le rouet et le métier à bras. Guillaume, en empruntant un rabot à Jacques, n’obtient pas par cela l’avantage de l’augmentation d’efficacité du travail quand il se sert d’un rabot pour polir des planches, au lieu de se servir d’une coquille ou d’un caillou. Le progrès de la science a rendu l’avantage renfermé dans l’emploi du rabot, une propriété et une puissance commune du travail. Ce qu’il reçoit de Jacques, c’est seulement l’avantage que l’élément d’une année de temps donnerait à la possession du capital représenté par le rabot.

Si les forces vitales de la nature, qui font de l’élément du temps un avantage, sont la cause de l’intérêt, il semblerait s’ensuivre que le taux maximum de l’intérêt devrait être dé terminé par l’intensité de ces forces et la part qu’elles prennent à la production. Mais, alors que la force reproductive de la nature semble varier considérablement, — par exemple entre le saumon qui pond des milliers d’œufs et la baleine qui n’élève qu’un petit à plusieurs années d’intervalle ; entre le lapin et l’éléphant, — la manière dont est conservé l’équilibre naturel montre qu’il y a une équation entre les forces reproductives et les forces destructives de la nature et que le principe d’accroissement devient par là uniforme. L’homme a, dans des limites étroites, le pouvoir de troubler cet équilibre, et, en modifiant les conditions naturelles, il peut se servir à volonté de l’intensité différente de la force reproductive de la nature. Mais quand il le fait, un autre principe se fait jour dans le vaste champ de ses désirs, principe qui amène, dans l’accroissement de la richesse, une équation semblable, un équilibre pareil à celui qui