Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/275

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on ne peut pas s’attendre à voir l’effet suivre la cause aussi clairement que cela aurait lieu, le développement industriel étant le même, dans une communauté formant un tout industriel complet et distinct ; néanmoins, les phénomènes actuellement présentés par ces retours périodiques d’activité et de marasme, correspondent nettement avec les phénomènes que nous avons inférés du progrès excessif de la rente.

La déduction nous montre donc les phénomènes actuels résultant d’un principe. Si nous renversons le procédé, il sera facile par induction d’atteindre le principe en étudiant les phénomènes.

Ces saisons de crise sont toujours précédées de saisons d’activité et de spéculation, et partout on admet le lien qui unit les deux choses — le marasme étant considéré comme la réaction de la spéculation, le mal de tête du matin comme la réaction de la débauche de la nuit. Mais sur la manière dont le marasme résulte de la spéculation, les avis sont partagés, deux écoles sont en présence, comme nous le montreront les essais faits des deux côtés de l’Atlantique pour expliquer la crise industrielle actuelle.

L’une des écoles dit que la spéculation produit le marasme en causant un excès de production, et montre les entrepôts remplis de marchandises qu’on ne peut pas vendre à des prix rémunérateurs, les moulins arrêtés ou ne travaillant que la moitié du temps, les mines fermées, les navires au port, l’argent reposant paresseusement dans les coffres des banquiers, et les ouvriers forcés à l’oisiveté et à la misère. Elle cite ces faits comme prouvant que la production a dépassé la demande de consommation, elle cite de plus ce fait que lorsque le gouvernement, pendant une guerre, joue le rôle de grand consommateur, alors naît une période d’activité, comme dans les États-Unis pendant la guerre civile, ou en Angleterre pendant les guerres avec Napoléon.

L’autre école dit que la spéculation a produit la crise en conduisant à un excès de consommation, et montre les entrepôts