Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/323

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

hommes travaillant ne peuvent pas ne pas voir. Je parle sans préjugé, car je suis encore membre honoraire d’une association que j’ai toujours loyalement soutenue quand je travaillais à mon métier. Mais voyez : les moyens par lesquels peut agir une trade-union sont nécessairement destructeurs ; son organisation est nécessairement tyrannique. Une grève, qui est le seul moyen par lequel une trade-union puisse renforcer ses demandes, est une lutte destructive, assez semblable à celle qu’un excentrique, qu’on appelait le Roi de l’Argent, entreprit dans les premiers jours de San-Francisco, avec un homme qui l’avait insulté bassement, lutte qui consistait à se rendre chacun sur le quai et à jeter alternativement dans la baie vingt dollars, jus qu’à ce que l’un des deux cédât. La lutte de patience qu’implique une grève, est en réalité une guerre à laquelle on l’a souvent comparée, et, comme toute guerre, elle diminue la richesse. Et son organisation doit être tyrannique, comme l’est celle d’une guerre. De même que l’homme qui voudrait combattre pour la liberté doit, quand il entre à l’armée, abandonner sa liberté personnelle, et devenir un simple rouage d’une grande machine, de même il doit en être ainsi pour les ouvriers qui organisent une grève. Ces ligues sont donc nécessairement destructives des choses mêmes que les ouvriers cherchent à gagner par leur intermédiaire, la richesse et la liberté. Les anciens Hindous avaient une manière de forcer le paie ment d’une dette juste que sir Sir Henry Maine rapproche d’une ancienne coutume qu’on trouvait dans les lois des Brehons irlandais. On appelait cela s’asseoir dharna, le créancier cher chant à forcer le paiement de sa dette en s’asseyant à la porte du débiteur, et en refusant de manger et de boire jusqu’à ce qu’elle soit acquittée.

La méthode des grèves du travail ressemble à celle-ci. Dans leurs grèves, les ouvriers s’asseyent dharna. Mais, dissemblables en cela aux Hindous, ils ne sont pas secondés par le pouvoir de la superstition.