Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/33

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Cela doit bien être dans le rôle de l’économie politique de donner cette réponse. Car l’économie politique n’est pas un composé de dogmes. C’est l’explication d’un certain ensemble de faits. C’est la science qui, dans la séquence de certains phénomènes, cherche à trouver des rapports mutuels et à identifier la cause et l’effet, exactement comme le font les sciences physiques pour un autre ensemble de faits. Ses fondations reposent sur un terrain solide. Les premisses dont elle tire ses déductions sont des vérités, des axiomes que nous admettons tous, sur lesquels nous fondons en toute sécurité nos raisonnements et nos actes de la vie de tous les jours, et que l’on peut réduire à l’expression métaphysique de cette loi physique que le mouvement cherche toujours la ligne de la moindre résistance, c’est-à-dire que les hommes cherchent à satisfaire leurs désirs en faisant le moins d’efforts possibles. Partant d’une base aussi sûre, ses procédés de raisonnement, qui consistent simplement dans l’emploi de l’identification et de l’analyse, ont la même certitude. Dans ce sens, l’économie politique est une science aussi exacte que la géométrie qui, d’après des vérités similaires, relatives à l’espace, tire ses conclusions par des moyens similaires, et ses conclusions quand elles sont valables, devraient être comme évidentes en elles-mêmes. Et, bien qu’en économie politique nous ne puissions éprouver l’excellence de nos théories par des conditions ou des combinaisons artificiellement produites, nous avons cependant une pierre de touche sûre dans l’emploi de la comparaison des diverses sociétés soumises à des conditions différentes ; enfin nous pouvons encore, en idée, séparer, combiner, ajouter ou éliminer des forces où des facteurs d’un ordre connu.

Je me propose dans les pages suivantes de résoudre par les méthodes de l’économie politique le grand problème dont j’ai esquissé les lignes principales. Je me propose de chercher la loi qui associe la pauvreté au progrès, qui fait augmenter la misère avec la richesse ; et je crois que dans l’explication de ce