Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/398

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une décadence croissante dans la manière de cultiver — voilà ce que beaucoup de faits forcent absolument à constater. »

On observe la même tendance dans les nouveaux États où les grandes étendues mises en culture rappellent les latifundia qui ruinèrent l’ancienne Italie. En Californie, une grande partie des fermes paient la rente chaque année, suivant des taux qui varient entre le quart ou la moité de la récolte.

Les temps plus durs, les salaires plus bas, la pauvreté augmentant, que l’on observe aux États-Unis, ne sont que les résultats des lois naturelles que nous avons exposées, lois aussi universelles et aussi irrésistibles que la loi de gravitation. Nous n’avons pas établi la République, quand, en face des principautés et des puissances, nous avons lancé la déclaration des droits inaliénables de l’homme ; nous n’établirons jamais la République tant que nous ne porterons pas dans la pratique cette déclaration, en assurant à l’enfant le plus pauvre naissant parmi nous, un droit égal à son sol natal ! Nous n’avons pas aboli l’esclavage quand nous avons ratifié le Quatorzième Amendement ; pour abolir l’esclavage, il faut que nous abolissions la propriété privée de la terre ! À moins que nous revenions aux premiers principes, à moins que nous reconnaissions les perceptions naturelles d’équité, à moins que nous reconnaissions le droit égal de tous à la terre, nos institutions libres ne serviront de rien ; nos écoles communes n’auront pas de résultat ; nos découvertes et nos inventions ne feront qu’accroître la force qui écrase les masses.