Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/414

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de chemin de fer. Et l’on peut dire généralement que les affaires qui par leur nature sont des monopoles, font à proprement parler, partie des fonctions de l’État, et devraient être exercées par l’État. Le gouvernement, par la même raison, devrait transmettre les messages télégraphiques, comme les lettres ; et les chemins de fer, appartenir au public comme les routes communes.

Mais tous les autres monopoles ne sont rien, en étendue, en comparaison du monopole de la terre. Et la valeur foncière exprimant un monopole pur et simple, elle est sous tous les rapports bonne à taxer. C’est-à-dire que, pendant que la valeur d’un chemin de fer, ou d’une ligne télégraphique, le prix du gaz ou d’un médicament breveté, peuvent exprimer le prix du monopole, ils sont aussi l’expression de l’effort du travail ou du capital, tandis que la valeur de la terre, ou la rente économique, comme nous l’avons vu, n’est nullement fait d’un de ces facteurs, et n’exprime rien que l’avantage de l’appropriation. Les taxes levées sur la valeur de la terre ne peuvent, au plus petit degré, arrêter la production, à moins qu’elles n’excèdent la rente, ou la valeur de la terre prise annuellement, car, différentes en cela des taxes sur les marchandises, sur l’échange, ou sur le capital, elles ne pèsent pas sur la production. La valeur de la terre n’exprime pas la récompense de la production, comme le fait la valeur des moissons, du bétail, ou des constructions, ou de toutes les choses qui sont comprises sous le nom de propriété personnelle, et améliorations. Elle exprime la valeur d’échange du monopole. Elle n’est dans aucun cas la création de l’individu qui possède la terre ; elle est créée par la croissance de la communauté. Donc la communauté peut la prendre tout entière sans diminuer aucunement le stimulant à l’amélioration, ou la production de la richesse. On peut imposer la terre jusqu’à ce que toute la rente soit prise par l’État, sans réduire le salaire du travail ou le profit du capital ; sans augmenter d’un centime le prix d’une seule marchandise, sans rendre en aucune façon la production plus difficile.