Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/441

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rente comme quantité en réduisant les salaires et l’intérêt en tant que quantités.

Il est donc évident que prendre la rente par un impôt pour des usages publics, ce qui abolirait virtuellement la propriété privée de la terre, ce serait détruire la tendance à une décroissance absolue des salaires et de l’intérêt, en détruisant la monopolisation de la terre par la spéculation et la hausse de spéculation de la rente. Ce serait largement accroître les salaires et l’intérêt par la liberté donnée d’exploiter des terres aujourd’hui monopolisées, et par la réduction du prix de la terre. Le travail et le capital gagneraient ainsi non seulement ce qui leur est enlevé par les impôts, mais ce que laisserait libre la baisse positive de la rente due à la baisse des valeurs foncières de spéculation. Il s’établirait un nouvel équilibre dans lequel le taux des salaires et de l’intérêt serait beaucoup plus élevé que maintenant.

Mais une fois ce nouvel équilibre établi, de nouveaux progrès de puissance productive (et le progrès en ce sens se trouverait très accéléré) auraient pour résultat un accroissement de la rente, non pas aux dépens des salaires et de l’intérêt, mais à cause de nouveaux gains dans la production, qui, la rente étant prise par la communauté pour des usages publics, s’accroîtrait au profit de chaque membre de la communauté. Ainsi, à mesure qu’avancerait le progrès matériel, la condition des masses s’améliorerait constamment. Ce n’est pas seulement une classe qui deviendrait plus riche, mais toutes les classes ; ce n’est pas seulement une classe qui aurait plus que le nécessaire, qui jouirait des agréments et élégances de la vie, mais toutes. Car l’accroissement de puissance productive qui accompagne l’accroissement de population, chaque nouvelle découverte dans les arts producteurs, chaque nouvelle invention économisant le travail, chaque extension et chaque facilitation des échanges, ne peut être monopolisé par personne. Cette part du bénéfice qui n’accroît pas directement la récompense