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Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/448

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que lui et sa famille mangent et boivent, tandis que ses gains seraient considérablement augmentés grâce à la hausse des salaires, à l’occupation constante et à la plus grande activité du travail. Sa seule perte serait s’il voulait vendre son lot sans en acheter un autre, et cette perte serait alors peu de chose comparée au gain.

Et de même pour le fermier. Je ne parle pas des fermiers qui ne mettent jamais la main à la charrue, qui cultivent des milliers d’acres et jouissent de revenus semblables à ceux qu’avaient les riches planteurs du Sud avant la guerre ; mais des fermiers qui travaillent, et qui constituent aux États-Unis une classe considérable, hommes ayant leurs propres petites fermes qu’ils cultivent avec l’aide de leurs fils, et peut-être de quelque valet loué, et qu’on appellerait en Europe des paysans propriétaires. Quelque paradoxal que cela puisse sembler au premier abord à ces hommes, ce sont eux qui, plus que toutes les classes au-dessus de celle du simple ouvrier, ont le plus à gagner à ce changement qui placerait toutes les taxes sur la valeur de la terre. Ils sentent généralement qu’ils ne gagnent pas en rapport de leur dur labeur, bien qu’ils ne puissent peut-être pas dire pourquoi. Le fait est que les impôts, tels qu’ils existent aujourd’hui, pèsent sur eux particulièrement. Toutes leurs améliorations sont taxées : maisons, granges, haies, moissons, provisions. Leur propriété personnelle ne peut être cachée ou dépréciée, comme l’est souvent la propriété personnelle de valeur plus considérable qui est concentrée dans les villes. Non seulement leur propriété personnelle et leurs améliorations sont soumises à des taxes auxquelles échappent les propriétaires de terres non exploitées, mais leur terre est en général taxée plus fortement que la terre tenue par spéculation, simplement parce qu’elle est améliorée. Mais de plus, toutes les taxes imposées sur les marchandises, et surtout les taxes qui, comme nos droits protecteurs, sont imposées dans le but d’élever le prix des marchandises, tombent sans adoucissement sur le fermier. Car dans un