Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/455

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écoles techniques, des galeries de tir, des terrains pour les jeux, des gymnases, etc. La chaleur, la lumière, la force motrice, pourraient être conduites à travers nos rues, les dépenses étant faites sur les revenus publics ; nos routes pourraient être bordées d’arbres fruitiers ; les inventeurs récompensés, les investigations scientifiques subventionnées ; de mille manières enfin les revenus publics pourraient être employés au bénéfice du public. Nous atteindrions l’idéal des socialistes, mais non par la répression gouvernementale. Le gouvernement changerait de caractère et deviendrait l’administration d’une grande société coopérative. Il deviendrait simplement l’agent qui administrerait la propriété commune pour le bien commun.

Ceci semble-t-il impraticable ? Considérez un moment les grands changements qui seraient opérés dans la vie sociale par la mesure qui assurerait au travail sa pleine récompense, qui bannirait la misère et la crainte de la misère, et donnerait au plus humble la liberté de se développer suivant une symétrie naturelle.

En pensant aux différents systèmes d’organisation sociale, on est porté à croire que l’avidité est la plus forte des passions humaines, qu’un système administratif ne peut être fondé sûrement que sur cette idée : la peur d’une punition est nécessaire pour que les hommes restent honnêtes, et les intérêts égoïstes sont toujours plus forts que les intérêts généraux. Rien ne saurait être plus éloigné de la vérité.

D’où naît ce désir du gain que les hommes satisfont en foulant aux pieds tout ce qui est pur et noble ; auquel ils sacrifient les ambitions les plus hautes de la vie ; qui convertit la politesse en un mensonge, le patriotisme en une honte, la religion en hypocrisie ; qui fait si souvent de la civilisation un état de guerre où les armes sont la ruse et la fraude ?

Ne vient-il pas de l’existence de la misère ? Carlyle dit quelque part que la pauvreté est l’enfer que craignent le plus les Anglais modernes. Et il a raison. La pauvreté est l’enfer toujours béant