Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/483

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période d’arrêt et de stagnation ; son déclin et sa chute. De toutes les civilisations qui sont nées, puis ont fleuri, il ne reste aujourd’hui que celles qui ont été arrêtées et la nôtre, qui n’est pas encore aussi vieille que l’étaient les pyramides quand Abraham les contemplait — puisque derrière les pyramides étaient vingt siècles historiques.

Que notre civilisation ait une base plus large, soit d’un type plus élevé, avance plus rapidement et plus loin que n’importe quelle autre civilisation précédente, cela est incontestablement vrai ; mais sous ce rapport elle est à peine plus en avance sur la civilisation gréco-romaine que ne l’était celle-ci sur la civilisation asiatique ; et si elle l’est, cela ne prouve rien quant à sa durée et à son progrès futur, à moins qu’on prouve qu’elle est supérieure sur les points qui ont causé la ruine finale de ses prédécesseurs. La théorie courante ne suppose pas cela.

En réalité rien n’explique moins les faits de l’histoire universelle que cette théorie qui fait de la civilisation le résultat de la sélection naturelle opérant pour améliorer et élever les facultés de l’homme ; car cela peut résulter de la balance inégale des forces impulsives et résistantes. Que la civilisation ait commencé en différents temps, en différents lieux, et ait progressé inégalement, cela n’est pas en contradiction avec cette théorie ; mais que le progrès partout commençant (car même parmi les tribus les plus inférieures on admet qu’il y a eu quelques progrès) n’ait été nulle part continu mais se soit partout arrêté ou ait rétrogradé, voilà qui est complètement en désaccord avec l’explication. Car si le progrès opère en fixant une amélioration dans la nature de l’homme, et en produisant ainsi un progrès subséquent, bien qu’il puisse y avoir une interruption accidentelle, cependant, la règle générale devrait être que le progrès est continu — que le progrès conduit au progrès, et qu’une civilisation amène une civilisation plus élevée.

Non seulement la règle générale, mais la règle universelle, est le contraire même de ceci. La terre est la tombe des em-