Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/496

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scrupuleusement et pendant plus longtemps qu’aucune race européenne ; et cependant je suis porté à croire qu’on ne peut attribuer à cette pureté du sang que leur physionomie, qui est beaucoup moins marquée qu’on ne le suppose ordinairement, comme le verra quiconque prendra la peine de les observer. Bien qu’ils se soient toujours mariés entre eux, les Juifs ont partout été modifiés par le milieu où ils se trouvaient, les Juifs anglais, russes, polonais, allemands, orientaux différant au tant entre eux, sous beaucoup de rapports, que les individus de ces différents peuples. Cependant ils ont quelque chose de commun, et ont partout conservé leur individualité. Il y a à cela une raison évidente. C’est la religion hébraïque — et certaine ment la religion n’est pas transmise par la génération, mais par l’association — qui a partout conservé aux Hébreux leur caractère distinctif. Cette religion de laquelle les enfants tiennent, non pas comme ils tiennent leurs caractéristiques physiques, mais par les préceptes et l’association, est non seulement exclusive dans ses enseignements, mais a produit, en engendrant le soupçon et la haine, une puissante pression extérieure qui, plus encore que ses préceptes, a partout réussi à constituer une communauté juive dans la communauté générale. C’est ainsi qu’a été formé et conservé un certain milieu particulier qui leur a donné un caractère distinctif. Les mariages entre Juifs ont été l’effet et non la cause de ceci. Ce que la persécution, qui hésitait à enlever les enfants Juifs à leurs parents et à les placer dans un autre milieu, n’a pu accomplir, la diminution d’intensité des croyances religieuses l’accomplira, comme on le voit déjà aux États-Unis, où la distinction entre Juifs et Gentils s’efface rapidement.

Et il me semble que l’influence de ce milieu social explique ce qu’on prend souvent pour une preuve des différences de race — la difficulté qu’éprouvent les races peu civilisées à recevoir une civilisation plus développée, et la manière dont quelques unes se fondent devant elle. Tant qu’un milieu social persiste,