Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/506

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fique, et plus l’association est vaste et serrée, plus les améliorations sont faciles. Et comme la dépense inutile de puissance mentale qui se fait dans les conflits devient plus ou moins grande suivant que la loi morale qui accorde à chacun l’égalité des droits est ignorée ou reconnue, l’égalité ( ou la justice) est la seconde condition essentielle du progrès. Ainsi l’association dans l’égalité est la loi du progrès. L’association permet aux facultés mentales de s’appliquer au développement du progrès, et l’égalité (ou justice, ou liberté, car ces termes signifient ici la même chose, la reconnaissance de la loi morale) empêche que ces facultés se perdent dans des luttes sans fruit.

Voilà la loi du progrès qui expliquera toutes les diversités, tous les progrès, tous les arrêts, tous les mouvements rétro grades. Les hommes tendent au progrès à mesure qu’ils se rapprochent les uns des autres, et, par la coopération, accroissent la somme de force intellectuelle pouvant être consacrée au progrès ; mais sitôt que les luttes commencent, ou que l’association fait naître l’inégalité de condition et de puissance, cette tendance au progrès diminue, est arrêtée, et finalement détruite.

Étant donnée la disposition innée au progrès, il est évident que le développement social ira vite ou doucement, s’arrêtera ou rétrogradera, suivant la résistance qu’il rencontrera. En général ces obstacles au développement peuvent, par rapport à la société elle-même, être classés en externes et en internes les premiers opérant avec une force plus grande dans les civilisations primitives, les seconds devenant plus importants dans les civilisations plus développées.

L’homme est sociable de sa nature. Il n’est pas besoin de le capturer et de le dompter pour l’engager à vivre avec ses semblables. Sa profonde faiblesse quand il entre dans le monde, et le temps très long qu’il lui faut pour acquérir toute sa maturité, nécessitent l’existence de la famille ; laquelle, comme nous pouvons le remarquer, est plus large et plus forte dans ses ex-