Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/525

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seulement les lois de l’économie politique que nous avons étudiées, sous la sanction d’une loi plus haute — peut-être la plus élevée que puisse saisir nos esprits — mais elle prouve que la mesure que j’ai proposée, qui ferait de la terre la propriété commune, donnerait une impulsion considérable à la civilisation, tandis que son refus pourrait entraîner la décadence. Une civilisation comme la nôtre doit avancer ou reculer ; elle ne peut pas rester stationnaire. Elle n’est pas semblable à ces civilisations homogènes qui, en Égypte, par exemple, moulèrent les hommes dans la place qu’ils occupaient, et les rendirent pareils aux briques composant les pyramides. Elle ressemble beaucoup plus à la civilisation dont elle est sortie, et dont la naissance et la chute occupent les temps historiques.

On est aujourd’hui disposé à railler tous ceux qui expriment l’opinion que nous ne sommes nullement en voie de progrès et que l’esprit de notre temps ressemble à celui qui inspire l’édit proposé par un ministre flatteur à l’empereur Chinois qui brûlait les anciens livres — « Que tous ceux qui oseraient parler du She et du Shoo seraient mis à mort ; que ceux qui feraient mention du passé afin de blâmer le présent seraient mis à mort avec leurs parents. »

Il est cependant évident qu’il y a eu des temps de décadence, comme il y a eu des temps de progrès ; et il est de plus évident que ces époques de décadence ne pouvaient pas au premier abord être généralement reconnues.

Il aurait été bien téméraire celui qui, au temps où Auguste changeait la Rome de briques en une Rome de marbre, quand la richesse et la magnificence augmentaient, quand les mœurs se raffinaient, que le langage se polissait, et que la littérature atteignait sa plus grande splendeur, aurait déclaré que Rome entrait dans sa période de décadence. Et cependant cela aurait été vrai.

Et pour quiconque sait regarder, notre civilisation progressant en apparence plus rapidement que jamais, est menacée