Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/58

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deux facteurs primitifs de production : ces choses seulement constituent le capital proprement dit ; ce qui revient à dire que rien ne peut être capital qui n’est pas richesse.

Mais c’est de toute l’incertitude qui entoure l’emploi du terme général richesse que sont dérivées bien des ambiguïtés dans l’usage du mot capital.

Tel qu’on l’emploie généralement le mot richesse se dit de toute chose ayant une valeur au point de vue de l’échange. Mais au point de vue économique on doit donner à ce mot une signification plus nette, car on parle communément comme de richesses, de choses qui par rapport à la richesse collective ou générale, ne sont plus du tout des richesses. Ces choses ont une valeur au point de vue de l’échange, et on les tient pour de la richesse, si bien qu’elles représentent entre les individus ou entre les communautés le pouvoir d’obtenir la richesse ; mais elles ne sont réellement pas de la richesse, puisque leur augmentation ou leur diminution n’affecte pas la somme de richesse. Telles sont les obligations, hypothèques, promesses, billets de banque, et autres stipulations pour le transfert de la richesse. Tels sont les esclaves, dont la valeur représente simplement le pouvoir qu’a une classe de s’approprier les gains d’une autre. Telles sont les terres, ou autres sources naturelles de richesse, dont la valeur résulte seulement de la reconnaissance en faveur de certaines personnes, d’un droit exclusif de s’en servir, et qui représentent simplement le pouvoir ainsi donné aux propriétaires de demander une part de la richesse produite à ceux qui s’en servent. Une augmentation dans le nombre des obligations, hypothèques, promesses ou billets de banque ne peut pas augmenter la richesse de la communauté qui comprend aussi bien ceux qui ont promis de payer que ceux qui ont droit de recevoir. L’asservissement d’une partie d’un peuple n’accroîtrait pas la richesse du peuple, car ce que gagneraient les asservisseurs, les asservis le perdraient. Une hausse dans la valeur de la terre ne représente pas une augmentation de richesse générale, car ce