Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/72

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taine, jusqu’à un trois-centième pour le mousse. Ainsi quand un baleinier arrive à New-Bedfort ou à San-Francisco, après un heureux voyage, il porte dans ses flancs les salaires de son équipage, aussi bien que les profits de ses propriétaires, et un équivalent qui les remboursera de toutes les provisions usées pendant le voyage. Il est bien clair que ces salaires, cette huile, ces baleines qu’a pris l’équipage, ne sont pas tirés du capital, mais qu’ils sont bien réellement une part du produit de son travail. Le fait n’est nullement changé quand pour plus de commodité, au lieu de distribuer à l’équipage ce qui lui revient d’huile et de baleines, on estime au prix du marché la valeur de la part de chaque homme et qu’on lui donne de l’argent à la place. L’argent n’est que l’équivalent du salaire réel, huile et baleines. Il n’y a dans ce paiement aucune avance du capital. L’obligation de payer les salaires n’existe que lorsque la valeur sur laquelle on doit prendre pour les payer, entre dans le port. Au moment où l’armateur prend à son capital de l’argent pour payer l’équipage, il ajoute à son capital de l’huile et des baleines.

Jusqu’ici rien ne donne lieu à discussion. Faisons un nouveau pas en avant, et arrivons à la manière ordinaire d’employer le travail et de payer les salaires.

Les îles Farallone, au large de la baie de San-Francisco, sont très fréquentées par les oiseaux de mer qui viennent y couver leurs œufs ; une compagnie qui possède ces îles emploie des hommes, dans la saison voulue, à chercher les œufs. Ces hommes pourraient être payés par un nombre d’œufs proportionnel au nombre d’œufs trouvés par eux, et probablement il en serait ainsi s’il y avait plus d’incertitude dans ce genre de travail ; mais les oiseaux sont si nombreux et si peu sauvages qu’on peut récolter un grand nombre d’œufs avec un travail fixe, de sorte que la compagnie trouve plus simple de donner aux hommes qu’elle emploie des salaires fixes. Les hommes se rendent dans les îles, y restent, récoltent les œufs et les portent en un endroit où, à des intervalles rapprochés un petit vaisseau