Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/80

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lement échangé son argent, et qu’on est amené à dire qu’il a épuisé ou avancé son capital en payant les salaires de ses ouvriers. Cependant, à moins que la nouvelle valeur créée par le travail soit moindre que les salaires payés (ce qui n’a lieu que dans des cas exceptionnels), il a maintenant en marchandises le capital qu’il avait avant en argent ; ce capital a changé de forme, mais il n’est pas amoindri.

Il y a une branche de production pour laquelle les confusions de pensée qui naissent de l’habitude de confondre le capital et l’argent, doivent se produire moins souvent parce que son produit est la matière générale, et le type de l’argent. Il se trouve que cette branche de travail nous fournit, presque en même temps des exemples de la production passant des formes les plus simples aux plus complexes.

Dans les premiers temps de la découverte de l’or en Californie, et plus tard en Australie, le chercheur d’or qui trouvait dans le lit d’une rivière ou dans un dépôt superficiel, les parcelles brillantes que les lents procédés naturels y avaient accumulées, ramassait ou lavait ses « gages » (car c’est ainsi qu’il les appelait) et s’en servait comme d’argent, car l’argent monnayé étant rare, la poussière d’or passait comme valeur courante au poids, et à la fin de la journée il serrait son salaire en argent dans un sac de peau de daim. Il ne peut ici y avoir discussion si ce salaire venait ou non du capital. Il était manifestement le produit du travail. Il en serait de même si le possesseur d’un riche placer louait des hommes pour travailler pour lui, et les payait avec une monnaie identique à celle que leur travail leur aurait fait trouver dans un placer quelconque. À mesure que l’argent monnayé devenait plus abondant, sa grande commodité fit qu’il remplaça la poussière d’or qu’il était ennuyeux de faire peser et dont on perdait toujours une partie pour l’opération ; et c’est avec de l’argent monnayé obtenu par la vente de la poussière obtenue par le travail, que les patrons payèrent les ouvriers qu’ils employaient. Quand ils avaient assez d’argent pour le