Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui ne peuvent aider à la subsistance de l’homme, ou ne peuvent être immédiatement utilisées, qu’une production de richesse servant à soutenir les ouvriers pendant le travail, ait eu lieu antérieurement. Il faut seulement qu’il y ait quelque part dans le cercle d’échange, une production contemporaine suffisante pour assurer la subsistance des ouvriers, et la bonne volonté d’échanger ces moyens de subsistance pour les choses à la production desquelles le travail est consacré.

Et en fait, n’est-il pas vrai que, toutes choses étant dans des conditions normales, la consommation est alimentée par la production contemporaine ?

Voici un oisif dont la tête ni la main ne font un travail productif quelconque, mais qui vit, disons-nous, sur l’argent que son père lui a laissé sûrement placé en rentes sur l’État. Est-ce qu’en fait, il est soutenu, entretenu, nourri, par la richesse accumulée dans le passé, ou par le travail productif qui se fait autour de lui ? Sur sa table, il y a des œufs frais pondus, du beurre qui vient d’être battu, du lait tiré du matin, du poisson qui vingt-quatre heures auparavant nageait dans l’Océan, de la viande que le garçon boucher a apportée juste au moment voulu pour qu’on la fasse cuire, des légumes frais qui viennent du jardin, et des fruits du verger, en résumé il n’y a rien qui ne sorte presque à l’instant de la main du travailleur producteur, (car il faut comprendre dans cette catégorie les porteurs et les distributeurs aussi bien que ceux qui sont placés aux premiers degrés de l’échelle de la production), rien qui ait été produit longtemps auparavant, sauf peut-être quelques bouteilles de vin vieux. Ce dont cet homme a hérité de son père, ce sur quoi nous disons qu’il vit, n’est pas, actuellement, de la richesse, mais seulement le pouvoir de se servir de la richesse que produisent les autres. Et c’est de cette production contemporaine qu’il vit.

Les cinquante milles carrés de Londres contiennent sans doute plus de richesse que le même espace dans n’importe quel autre lieu. Cependant si tout à coup le travail productif cessait