Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/96

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machines agricoles, dans la fabrique ? Est-ce que le métier et le fuseau ne seront pas bientôt aussi oisifs que la charrue ? Cela serait ; les effets immédiats d’une mauvaise saison nous le prouvent. Et si cela est, l’homme qui laboure ne produit-il pas réellement sa nourriture et son salaire comme si, pendant le jour ou la semaine qu’il laboure, son travail avait pour résultat actuelles choses qu’il échange pour son travail ?

En fait, là où il y a du travail demandant un emploi, le manque de capital n’empêche pas le possesseur de la terre qui promet une récolte pour laquelle il y une demande, de la louer. Ou bien il fait un arrangement pour cultiver en participation, méthode suivie dans quelques partie des États-Unis, au quel cas les ouvriers, s’ils sont sans moyens de subsistance, obtiendront sur le travail qu’ils accomplissent un crédit dans le magasin le plus proche ; ou bien il préfère payer des gages, et c’est le fermier qui obtiendra un crédit, et ainsi le travail fait en culture est immédiatement utilisé et échangé, à mesure qu’il est fait. Si l’on emploie quelque chose en plus de ce que l’on aurait employé si les ouvriers étaient forcés de mendier au lieu de travailler (car dans tous les pays civilisés, les choses étant dans une condition normale, on doit assister les ouvriers en quelque manière), ce qu’on emploiera en plus ce sera le capital de réserve amassé en vue d’un remplacement, et qui, de fait, est remplacé par le travail à mesure qu’il se fait. Par exemple, dans les districts purement agricoles de la Californie du Sud, la moisson manqua complètement en 1877, et de millions de moutons il ne resta que leurs os. Dans la grande vallée de San-Joaquin beaucoup de fermiers n’avaient seulement pas de quoi nourrir leurs familles jusqu’au temps de la moisson suivante, et refusaient d’entretenir quelques domestiques. Mais les pluies arrivèrent au moment voulu, et ces mêmes fermiers commencèrent à louer des bras, à labourer et semer. Car çà et là il y avait un fermier qui avait mis de côté une partie de sa récolte. Aussitôt qu’arrivèrent les pluies, il se montra désireux de vendre sa réserve avant que la