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Page:Heredia - Les Trophées 1893.djvu/78

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LES TROPHÉES


IV


Mihi corolla picta vere ponitur.
CATULLE.


Entre donc. Mes piliers sont fraîchement crépis,
Et sous ma treille neuve où le soleil se glisse
L’ombre est plus douce. L’air embaume la mélisse.
Avril jonche la terre en fleur d’un frais tapis.

Les saisons tour à tour me parent : blonds épis
Raisins mûrs, verte olive ou printanier calice
Et le lait du matin caille encor sur l’éclisse,
Que la chèvre me tend la mamelle et le pis.

Le maître de ce clos m’honore. J’en suis digne.
Jamais grive ou larron ne marauda sa vigne
Et nul n’est mieux gardé de tout le Champ Romain.

Les fils sont beaux, la femme est vertueuse, et l’homme,
Chaque soir de marché, fait tinter dans sa main
Les deniers d’argent clair qu’il rapporte de Rome.