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HERMÈS TRISMÉGISTE.


telligence souveraine[1]. Je sais ce que tu désires, et partout je suis avec toi. — Je veux, répondis-je, être instruit sur les êtres, comprendre leur nature et connaître Dieu. — Reçois dans ta pensée tout ce que tu veux savoir, me dit-il, je t’instruirai.

À ces mots, il changea d’aspect, et aussitôt tout me fut découvert en un moment, et je vis un spectacle indéfinissable. Tout devenait une douce et agréable lumière qui charmait ma vue. Bientôt après descendirent des ténèbres effrayantes et horribles, de forme sinueuse ; il me sembla voir ces ténèbres se changer en je ne sais quelle nature humide et trouble, exhalant une fumée comme le feu et une sorte de bruit lugubre. Puis il en sortit un cri inarticulé qui semblait la voix de la lumière. Une parole sainte descendit de la lumière sur la nature, et un feu pur s’élança de la nature humide vers les hauteurs ; il était subtil, pénétrant et en même temps actif. Et l’air, par sa légèreté, suivait le fluide ; de la terre et de l’eau il s’élevait jusqu’au feu, d’où il paraissait suspendu. La terre et l’eau demeuraient mêlées, sans qu’on pût voir l’une à

  1. Ὁ τῆς ἀυθεντἰας νοῦς ; le mot ἀυθέντης, qui, d’après le scholiaste de Thucydide, était autrefois synonyme de αὐτόχειρ a été pris plus tard dans le sens de ἐξουσαστής, et conserve ce sens dans le grec moderne. Voyez Hesychios, l’Etymologicum magnum et le Thesaurus d’Henri Étienne.