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LIVRE PREMIER.

là où tout finit, tout commence éternellement. Cette circulation, par la volonté de l’Intelligence, fit sortir des éléments inférieurs les animaux sans parole, à qui la raison n’a pas été donnée. L’air porta ceux qui volent, l’eau ceux qui nagent. La terre et l’eau furent séparées l’une de l’autre selon la volonté de l’Intelligence (motrice), et la terre fit sortir de son sein les animaux qu’elle contenait, quadrupèdes, reptiles, bêtes féroces et domestiques.

Mais le moteur[1], père de toutes choses, qui est la vie et la lumière, engendra l’homme semblable à lui-même et l’aima comme son propre enfant. Par sa beauté il reproduisait l’image du père ; Dieu aimait donc en réalité sa propre forme, et il lui livra toutes ses créatures. Mais l’homme, ayant médité sur l’œuvre de la création, voulut créer à son tour, et il se sépara du père en entrant dans la sphère de la création. Ayant plein pouvoir, il médita sur les créations de ses frères, et ceux-ci s’éprirent de lui, et chacun d’eux l’associa à son rang. Alors, connaissant leur essence et participant à leur nature, il voulut franchir la limite des cercles et surmonter la puissance qui siége sur le feu.

  1. Le mot νοῦς étant associé ici au mot père, je ne puis le traduire, comme je l’ai fait jusqu’à présent, par les mots féminins de pensée ou d’intelligence. Je crois, d’ailleurs, que le sens de moteur lui appartient aussi, et que la théorie d’Anaxagore repose sur ce double sens.