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Page:Hermès Trismégiste, 1866, trad. Ménard.djvu/170

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HERMÈS TRISMÉGISTE.


ici-bas ; il s’altère par le mélange du mal, et alors il cesse d’être le bien et devient le mal.

Le bien n’existe donc qu’en Dieu seul, ou Dieu est le bien. Parmi les hommes, ô Asclèpios, le bien n’existe que de nom, nullement de fait. Le bien est incompatible avec un corps matériel, enveloppé de tous côtés par les maux, par les douleurs, par les désirs, par les colères, par les erreurs, par les opinions fausses. Mais le pire de tout, ô Asclèpios, c’est qu’on regarde ici-bas comme des biens chacun des maux qu’il faudrait éviter, les excès du ventre, l’erreur qui entraîne tous les maux et qui nous éloigne du bien.

Pour moi, je rends grâces à Dieu, qui a mis dans mon intelligence la connaissance du bien, puisque le bien lui-même ne peut exister dans le monde ; car le monde est la plénitude du mal. Dieu est la plénitude du bien, ou le bien la plénitude de Dieu. Le beau rayonne autour de l’essence, c’est même là peut-être qu’elle apparaît sous sa forme la plus transparente et la plus pure. Ne craignons pas de le dire, ô Asclèpios, l’essence de Dieu, si toutefois Dieu a une essence, c’est la beauté. Le beau et le bien ne peuvent se trouver dans le monde ; tous les objets visibles ne sont que des images et comme des silhouettes. C’est au delà de ce qui tombe sous les sens qu’il faut chercher le beau et le bien, et l’œil ne peut les voir parce qu’il ne peut