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HERMÈS TRISMÉGISTE.


du monde fait naître des productions diverses, les unes souillées par le mal, les autres purifiées par le bien. Le monde, ô Asclèpios, possède une sensation et une pensée, non pas semblable à celle de l’homme ni aussi variée, mais supérieure et plus simple. Le monde n’a qu’un sentiment, qu’une pensée : créer toutes choses et les faire rentrer en lui-même. Il est l’instrument de la volonté de Dieu, et son rôle est de recevoir les semences divines, de les conserver, de produire toutes choses, de les dissoudre et de les renouveler. Comme un bon laboureur de la vie, il renouvelle ses productions en les transformant, il engendre toute vie, il porte tous les êtres vivants, il est à la fois le lieu et l’ouvrier de la vie.

Les corps diffèrent quant à la matière ; les uns sont formés de terre, les autres d’eau, d’autres d’air, d’autres de feu. Tous sont composés, mais les uns le sont davantage, les autres sont plus simples ; les premiers sont plus lourds, les seconds plus légers. La rapidité du mouvement du monde produit la variété des genres ; sa respiration fréquente étend sur les corps des attributs multiples avec la plénitude uniforme de la vie. Dieu est le père du monde, le monde est le père de ce qui est en lui ; le monde est le fils de Dieu, ce qui est dans le monde lui est soumis. C’est avec raison qu’on appelle le monde ϰόσμος (kosmos), de ϰοσμέω (kosmeô), orner, car il orne