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LIVRE PREMIER.


vie cesse d’être apparente. Mais, de la même manière, mon cher Hermès, tu peux entendre dire que le monde lui-même se transforme continuellement ; chaque jour quelque partie de lui disparaît sans que jamais il se décompose. Ces révolutions et ces disparitions sont les passions (les phases) du monde. La révolution est un retour, la disparition un renouvellement. Le monde a toutes les formes ; elles ne sont pas hors de lui, il se transforme en elles. Mais si le monde a toutes les formes, que sera son créateur ? Il ne peut être sans forme, et si lui-même les a toutes, il sera semblable au monde. S’il a une seule forme, il sera en cela inférieur au monde. Que dirons-nous donc de lui, pour ne rien dire d’imparfait ? Car on ne peut rien penser d’incomplet sur Dieu. Il a une seule forme, qui lui est propre, qui ne se montre pas aux yeux du corps et qui les manifeste toutes par les corps. Et ne t’étonne pas qu’il y ait une forme incorporelle. Il en est ainsi de la forme d’un discours ou des marges d’un manuscrit, qui dépassent les lignes et sont lisses et égales.

Réfléchis sur une parole plus hardie et plus vraie ; de même que l’homme ne peut vivre sans la vie, ainsi Dieu ne peut vivre sans faire le bien. La vie et le mouvement de Dieu c’est de faire mouvoir et de faire vivre. Quelques paroles ont un sens particulier ; ainsi, réfléchis à ce que je te dis : Tout est en Dieu, non comme ce