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HERMÈS TRISMÉGISTE.

traire elle est obscure et contient un sens caché. Elle est devenue plus obscure encore depuis que les Grecs ont voulu la traduire de notre langue dans la leur. C’est là une source de contre-sens et d’obscurité. Le caractère de la langue égyptienne, l’énergie des mots qu’elle emploie, en font comprendre le sens. Autant donc que tu le pourras, ô roi, et tu peux tout, fais que ce discours ne soit pas traduit, de peur que ces mystères ne pénètrent chez les Grecs, et que leur phrase pompeuse, diffuse et surchargée d’ornements n’affaiblisse la vigueur et n’amoindrisse la gravité auguste et l’énergie de l’expression. Les Grecs, ô roi, ont des formes nouvelles de langage pour produire des preuves, et leur philosophie est un bruit de paroles. Nous, au contraire, nous employons, non des paroles, mais la grande voix des choses.

Je commencerai ce discours par invoquer le Dieu maître de l’univers, le créateur et le père, qui enveloppe tout, qui est tout dans un et un dans tout. Car la plénitude de toutes choses est l’unité et dans l’unité ; il n’y a pas un terme inférieur à l’autre, les deux ne sont qu’un. Conserve cette pensée, ô roi, pendant toute l’exposition de mon discours. On chercherait en vain à distinguer le tout et l’unité en appelant tout la multitude des choses et non la plénitude ; cette distinction est impossible, car le tout n’existe plus si on