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Page:Hermant, Le Frisson de Paris 1895.djvu/164

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' -- 150 LE FRISSON DE PARIS A la vt1e de ces deux lettres, l’[ercœur ne passa point par de dran1atiques alternati,1es de tentation et de scr11pule. Il se posa la c1uestion netten1ent et hardiment, en l1on1me fort de sa conscience d’hon­ nête hon1n1e : pouvait-il lire ces letlres ? En avait-il le droit ? N’en a,1ait-il pas le devoir ? Rien ne répugne à une délicatesse d’homme plus que ce procédé, cet espionnage. La plus cl1ère illu­ sion qu’apporte l’hom1ne dans le mariage, est qu’il pourra reconnaître à sa compagne une sorte d’ha­ beas co1"pits, dont la première co11dition est lé res­ pect des correspondances, n’implic1uant pas, au reste, la 1noindre cli111inution cl’inti1nité. Il n’est pas besoin d’un long ternps d’éducation conjug·ale pour revenir de cette candeur. Celui qui souhaitait d’oclroyer à sa compag·ne une charte libérale, se voit tenu de cl1oisir entre l’anarchie intime et le pouvoir discrétionnaire du mari. César considérait le 1nariag·e con1n1e un sacrement, et il s’attribuait cles responsabilités auxquelles la plupart des hommes cl’aujourd’hui ne sorigent guère : car ils ne se regardent plus que co1n1ne les conserva­ teurs du trousseau. Ces responsabilités ne vont point sans de certaines prérogatives, dont il eût préféré n’user point : n1ais il n’était pas l1omme à compter ses goûts personnels, quand il s’agissait d’un devoir social, et même plus que social. Il prit donc sa résolution, avec le même sang­ froid qu’il l’avait discutée. Ce n’est qu’au mon1ent