« J’ai découvert une vérité profonde ; elle était difficile à voir ; elle sera difficile à comprendre : seuls, les sages y réussiront. Dans le tourbillon du monde s’agitent les hommes, les hommes se plaisent dans le tourbillon du monde. Comment comprendront-ils la suite des effets et des causes ? Comment comprendront-ils la loi ? Ils ne parviendront pas à tuer en eux le désir ; ils ne se détacheront pas des plaisirs de la terre ; ils n’entreront pas dans le nirvâna. Je prêcherai la doctrine, on ne me comprendra pas : m’écoutera-t-on, même ? À quoi bon révéler aux hommes la vérité que j’ai conquise par de rudes combats ? La vérité reste cachée à ceux que dominent le désir et la haine. La vérité est pénible à atteindre ; elle est mystérieuse. L’esprit grossier ne la saisit point. Celui-là ne peut pas la voir qui est en proie aux désirs terrestres, celui-là dont l’esprit erre dans les ténèbres. »
Le Bienheureux inclinait à ne pas prêcher la doctrine.
Alors Brahmâ sut, par la force de sa pensée, quels étaient les doutes du Bienheureux. Il s’effraya : « Le monde est perdu, se disait-il, le monde périra, si l’être parfait, l’être saint, le Bouddha reste en repos, et ne va pas parmi les hommes, prêchant la doctrine et propageant la science. »
Et il quitta le ciel. Il mit à gagner la terre le