tu me donner tes enfants ? J’ai une femme, beaucoup plus jeune que moi, et d’un caractère superbe. Elle est lasse des besognes domestiques et elle m’a ordonné de lui trouver deux enfants qui lui servissent d’esclaves. Donne-moi les tiens ; tu es d’aspect misérable, et tu dois avoir peine à les nourrir ; chez moi, ils auront de quoi manger, et je tâcherai que ma femme ne les maltraite pas trop. » Viçvantara pensait : « Voici donc qu’est exigé de moi un sacrifice amer. Que ferai-je ? Le brahmane a beau dire, mes enfants seront très malheureux chez lui ; sa femme est méchante, elle les battra, et ils n’auront qu’une nourriture de rebut. Mais, puisqu’on me les demande, ai-je le droit de ne pas les donner ? » Longtemps, il réfléchit encore, mais, enfin, il dit : « Emmène ces enfants, brahmane, et qu’ils soient les esclaves de ta femme. » Et Jâlin et Krishnâjinâ, tout en larmes, durent suivre le brahmane. Mâdrî, cependant, cueillait des grenades ; mais dès qu’elle prenait un fruit à l’arbre, il lui tombait des mains. Elle eut peur, et d’un pas rapide, elle se dirigea vers la hutte. Quand elle y arriva, elle ne vit plus les enfants, et elle interrogea son mari : « Où sont les enfants ? » Viçvantara sanglotait. « Où sont les enfants ? » Et Viçvantara se tut encore. Une troisième fois, elle répéta sa question : « Où sont les enfants ? » Et elle ajouta :
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