Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/231

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Devadatta, cependant, atteignait l’extrême de la vanité. Il ne pouvait plus souffrir la grandeur du Bouddha, et, un jour, il en vint à lui dire :

« Maître, te voici très vieux ; pour toi, le gouvernement des moines est une fatigue cruelle : abandonne-le. Médite en repos la loi sublime que tu as découverte, et confie à mes soins toute la communauté. »

Le Maître eut un sourire railleur.

« Ne te soucie point de mon repos, Devadatta ; tu es d’une excessive bonté. Je saurai quand viendra l’heure d’abandonner ma tâche. Pour l’instant, je garderai la conduite de la communauté : d’ailleurs, je ne la laisserai pas à Çâripoutra même ni à Maudgalyâyana, ces grands esprits, ces flambeaux splendides, et tu la voudrais, toi, Devadatta, toi, dont l’esprit est si médiocre, toi, qui éclaires moins encore qu’une veilleuse ! »

Devadatta fit au Maître un salut respectueux, mais il ne pouvait éteindre la flamme furieuse de ses yeux.

Le Maître alors manda le sage Çâripoutra.

« Çâripoutra, dit-il, va-t’en par la ville de Rajagriha, et crie bien haut : « Qu’on se défie de Devadatta ! Il a quitté la bonne route. Le Bouddha ne répond plus de ses paroles ni de ses actes ; la loi ne l’inspire plus, la communauté lui est