« Tue-moi, cria-t-il à Prasénajit.
— Je t’épargnerai, dit Prasénajit. Je te conduirai devant le Maître bienheureux, et c’est lui qui décidera de ta destinée. »
Le Maître était, depuis peu, arrivé au parc de Jéta. Prasénajit lui dit :
« Vois, ô Bienheureux, le roi Ajâtaçatrou, qui est mon prisonnier. Il me hait, et je ne le hais point ; pour une raison futile, il a marché contre moi ; il m’a vaincu d’abord, mais maintenant il est à ma merci. Je ne veux pas le tuer, et, en souvenir de son père Vimbasâra, qui était mon ami, j’incline à lui rendre la liberté.
— Rends-lui la liberté, dit le Maître, la victoire enfante la haine ; la défaite enfante la douleur. Le sage renonce à la victoire aussi bien qu’à la défaite. De l’injure naît l’injure, de la colère naît la colère. Le sage renonce à la victoire aussi bien qu’à la défaite. Tout meurtrier tombe sous les coups d’un meurtrier, tout vainqueur tombe sous les coups d’un vainqueur. Le sage renonce à la victoire aussi bien qu’à la défaite. »
Devant le Maître, Ajâtaçatrou promit d’être désormais le fidèle ami de Prasénajit.
« Et, ajouta-t-il, soyons plus qu’amis. J’ai un fils, tu le sais, et tu as une fille, Kshemâ, qui n’est point encore mariée. Veux-tu donner ta fille à mon fils ?