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Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/42

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enfin le glorifiaient pour l’exubérance de sa force. Tous s’inclinaient devant lui comme s’inclinent les étendards devant la statue d’un Dieu.

Les femmes, dans les maisons, entendaient le cri de la rue. Elles s’éveillaient ou laissaient les tâches familières, et, en hâte, elles allaient aux fenêtres ou montaient sur les terrasses ; elles l’admiraient et toutes murmuraient : « Heureuse son épouse ! »

Et lui, à voir la splendeur de la ville, à voir la richesse des hommes, à voir la grâce des femmes, sentait naître en son âme une joie nouvelle.

Alors, les Dieux, jaloux de la félicité céleste que goûtait une ville de la terre, formèrent un vieillard, et l’envoyèrent sur le chemin du prince, pour troubler son esprit.

L’homme s’appuyait sur un bâton : il était décrépit, cassé. Les veines saillaient sur son corps, les dents branlaient dans sa bouche, sa peau était toute creusée de rides noires ; de son crâne pendaient quelques cheveux d’un gris sale ; ses paupières, sans cils, étaient rouges ; sa tête, ses jambes, ses bras tremblaient.

Le prince vit cet être si différent des hommes qui l’entouraient. Il fixa sur lui des yeux pleins d’anxiété, et il demanda au cocher :

« Quel est cet homme courbé, cet homme aux cheveux gris ? Sa main décharnée s’attache à un