Elles ne cherchaient plus les attitudes gracieuses. Les chevelures étaient en désordre, les yeux n’éclairaient plus les visages. Les bouches s’alourdissaient, les seins s’écrasaient, les bras se raidissaient, les jambes se repliaient durement. Et le prince s’écria :
« Des mortes ! des mortes ! Je suis dans un cimetière ! »
Il sortit, et il alla vers les écuries royales.
XII
Il appela son écuyer, le rapide Chandaka :
« Amène-moi tout de suite, dit-il, mon cheval Kanthaka. Je veux partir d’ici pour aller vers l’éternelle béatitude. L’intime joie que j’éprouve, l’invincible force qu’a maintenant ma volonté, la certitude que, même solitaire, j’ai un protecteur, tout m’annonce que je touche au but que je me suis désigné. L’heure est venue, je marche à la grande délivrance. »
Chandaka connaissait l’ordre du roi ; et pourtant, aux paroles du prince, il se sentit dominé par une force supérieure, et il alla chercher le cheval.
Kanthaka était le meilleur des chevaux ; il était fort et souple. Siddhârtha lui fit de longues caresses, puis il lui parla d’une voix douce :