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Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/70

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Cependant la race humaine continuera à souffrir la vieillesse et la mort ! Qui se voue aux austérités et ne se soucie point du mal constant de la naissance et de la mort ne fait qu’à la douleur ajouter la douleur. Les hommes tremblent devant la mort, et pourtant ils s’emploient de tout leur courage à renaître ; ils s’enfoncent, toujours plus profondément, dans le gouffre où ils ont peur. Si pieuse est la mortification, la jouissance sera impie ; mais à la mortification dans ce monde succède la jouissance dans l’autre : ainsi, la piété a pour récompense l’impiété. Si, pour se sanctifier, il suffit d’être sobre, les gazelles seront saintes ; saints aussi seront les hommes déchus de leur caste, car leur mauvais destin les entraîne loin des plaisirs. Mais, dira-t-on, c’est l’intention de souffrir qui crée la vertu religieuse. L’intention ! On peut mettre son intention à jouir aussi bien qu’à souffrir, et, si l’intention de jouir ne vaut pas, pourquoi l’intention de souffrir vaudrait-elle ? »

Il réfléchissait ainsi dans l’ermitage d’Arata-Kélama. Il comprit la vanité de la doctrine qu’enseignait le maître, et il lui dit :

« Je n’enseignerai pas ta doctrine, Arâta. Celui qui la connaît n’arrive pas à la délivrance. Je sortirai de ton ermitage, et je chercherai à quelle règle il faut se soumettre pour que soit détruite la douleur. »