Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/84

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du Malin sera vide. Et toi, Mâra, chef sans armée, roi sans sujets, tu ne sauras où te réfugier. »

Mâra fut agité d’une grande inquiétude. Il voulut dormir, et son sommeil fut troublé de songes terribles. Il s’éveilla. Il appela ses serviteurs et ses soldats. À son aspect, tous furent effrayés, et Sârthavâha, un de ses fils, lui demanda :

« Pourquoi, père, as-tu le visage triste ? Pourquoi es-tu pâle ; Pourquoi ton cœur bat-il si vite ? Pourquoi tes membres tremblent-ils ? Qu’as-tu entendu ? Qu’as-tu vu ? Parle.

— Fils, répondit Mâra, le temps n’est plus pour moi d’être orgueilleux. J’ai entendu une voix qui chantait dans la lumière, et elle m’annonçait que le fils des Çâkyas est assis sous l’arbre de la science. J’ai eu des songes effroyables. Ma demeure était enveloppée d’une poussière ténébreuse. Mes jardins n’avaient plus ni feuilles ni fleurs ni fruits. Mes étangs étaient desséchés et mes cygnes et mes paons avaient les ailes coupées. Et moi, je me sentais seul parmi ces objets de misère. Tous, vous m’abandonniez. Ma reine, comme si le remords la tourmentait, se frappait la tête et s’arrachait les cheveux. Mes filles criaient de douleur, et vous, mes fils, vous vous incliniez devant l’homme qui médite sous l’arbre de la science ! Je voulus combattre mon ennemi ; mais je fis de vains efforts pour sortir mon