Page:Herzog - Les Frères de Plymouth et John Darby, leur doctrine et leur histoire.djvu/19

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Tel est l’homme qui déjà vers la fin de mars 1840, parut à Lausanne au milieu de la congrégation presque dissoute des dissidents. Il arriva précédé de la double réputation de pasteur habile et de docteur profondément versé dans la connaissance de la Bible. On parlait avec de grands éloges du dévouement de cet homme qui, par amour pour Christ et pour les âmes, s’était défait de presque toute sa belle fortune et montrait dans toute sa conduite une simplicité, une frugalité qui rappelaient les temps primitifs de l’Église. On disait aussi en sa faveur que, sacrifiant les douceurs de la vie de famille, il passait sa vie à voyager d’un lieu dans un autre pour gagner des âmes au royaume de Dieu.

Quoique M. Darby cherche encore moins à convertir les âmes qu’à réunir sous sa direction celles qui sont déjà converties, nous aimons à reconnaître qu’il méritait en bonne partie les éloges qu’on faisait de lui. Il y a en lui, en effet, un ensemble de belles et de grandes qualités. Sa conversion, nous n’avons aucun lieu d’en douter, a été réelle et sincère. Il est susceptible de beaucoup de dévouement pour la cause du Seigneur, et il en a donné des preuves frappantes. Il est d’une activité infatigable et en même temps d’une grande originalité et indépendance d’esprit. S’il avait pris une autre tournure, il aurait pu rendre à l’Église des services éminents.

Il faut d’ailleurs distinguer en lui, jusqu’à un certain point, le docteur, le chef d’un mouvement et le simple chrétien. La charité chrétienne nous ordonne d’établir une pareille distinction. Le reproche essentiel que nous avons à lui faire, est que ces trois caractères ne sont pas en parfaite harmonie dans sa personne. Considéré sous le point de vue de son caractère chrétien en général, il mérite le témoignage le plus honorable.