Page:Herzog - Les Frères de Plymouth et John Darby, leur doctrine et leur histoire.djvu/45

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tie, tout comme Darby, d’une opinion dure et injuste sur l’église établie ; mais elle ne fit pas la même faute que lui ; car elle établit des églises régulièrement organisées, pourvues d’un ministère fixe, et armées d’une sévère discipline. Et ce n’est pas là ce qu’il faut lui reprocher. Le tort de la dissidence ne consiste pas dans le fait même d’avoir créé des églises, mais seulement dans la légèreté avec laquelle elle s’est laissé conduire par une opinion erronée sur l’état de l’église existante, a en former sans nécessité de nouvelles. Celles-ci, au reste, quoique chacune, dans son coin, s’intitulait d’une manière absolue l’Église de Dieu, étaient moins des églises que de simples congrégations, assez faiblement liées, mais qui, après tout, se croyaient légitimes en vertu de la déclaration générale du Sauveur tant invoquée par Darby, (Math. XVIII, 20). C’est contre cette organisation dissidente que M. Darby s’élève de tout son pouvoir. Pour fonder légitimement de nouvelles églises au milieu du désordre général qui règne depuis si longtemps, il faudrait d’abord, selon lui, s’assurer qu’il est dans la volonté de Dieu de rétablir l’économie actuelle après qu’elle a failli. Mais c’est là un point qu’on ne saurait prouver : il serait plus aisé de prouver le contraire ; car on voit par Rom. XI, 22, que l’économie qui a failli, Dieu ne la rétablit pas, mais qu’il la retranche. Il faudrait ensuite, que ceux qui tentent l’entreprise d’organiser des églises, fussent en état d’accomplir une telle œuvre et qu’ils en eussent la mission. Mais veut-on savoir ce qui nous sollicite à la téméraire entre prise de rétablir l’Église déchue ? c’est le même esprit d’égarement qui porte l’homme à vouloir rétablir sa propre justice, après qu’il la perdue. Si, dans l’état de perdition où nous voyons l’Église, nous osions penser à la rétablir, nous prouverions par là que nous ne sommes pas encore humiliés de