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MAJOGBÉ.

de sacs. Si Ogutoë avait dû mettre en gage des esclaves pour la valeur de sa dette, il ne lui serait pas resté un seul serviteur dans sa case. Cela, je l’ai entendu dire à mon père, qui ne mentait pas.

Élado ajouta :

— Je tiens pour vrai ce qu’a dit mon esclave. J’atteste les dieux et les génies que ces trois hommes mentent. Je réclame pour eux l’épreuve par le poison.

Les trois riches hommes comprirent alors qu’ils étaient perdus. Ils essayèrent de se racheter. Il était trop tard. Ceux qui convoitaient leurs dépouilles voulaient qu’ils mourussent.

Ils moururent.

Le breuvage d’essai que leur donna le féticheur ne pardonne jamais quand il est préparé à la demande d’un homme puissant.

Le petit Majogbé — que son maître aimait déjà beaucoup — put aller voir, du haut des rochers, dans le bois des suppliciés et des parjures, trois corps que personne n’avait osé disputer au bec des vautours, Il se promena aussi par les ruines des maisons de Sigo, d’Ogutoë et d’Agbaki. La destruction était belle. Il fut satisfait. Il effaça trois noms de sa mémoire.

Dans le palais d’Elado, Majogbé était traité de la même façon que les fils du maître. Quand, avec