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UN POÈTE EGBA. 327

se civilisent. Ils vont à Lagos. Ils achètent des vestons, des chapeaux gibus, des cols Old-England, des pantalons new-fashion, des souliers bains de mer et des cannes. Ils reçoivent une éducation soignée chez les méthodistes.

C’est ainsi qu’un jour, dans mes courses par la

. ville, je fis à connaissance d’un correct gentleman

qui s’exprimait en anglais avec une pureté humiliante pour mon jargon de voyageur « cosmopolite ». J’interrogeai ce jeune gentleman. Il était plus cultivé que ses parents sauvages, j’en espérais des renseignements, des textes. Il ignorait Acrombi. Mais il avait de l’éducation, il savait des chants plus distingués : les Psaumes de David et aussi quelque chose de très joli, du nouveau, disail-il. A pleine voix il hurla : Tararaboum di-è... !

L’oluman ne s’écroula point !

Pauvre Acrombi ! quelques années encore et ton peuple saura les chansons à succès de l’Europe distinguée : Tararaboum diè-…. Quant à tes ballades, à tes hymnes, à tes satires, à tes fables, à tout ce qui fit ta gloire. il faut bien que l’Afrique se civilise. Tararaboum di-è, des pianos mécaniques et du gin, que veux-tu de mieux ? C’est le progrès pour ta acc.