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dans les vals et sur les crêtes où n’avait point passé le feu, mais où avaient plu des nues de cailloux et de cendres, et de vapeurs lourdes, chaudes, c’était un paysage soufré. Une lividité jaune. Les feuillages pendaient lourds. Les champs herbeux semblaient de lourds et vieux tapis. Les cocotiers et les palmiers étaient effilochés en lourdeurs. Les maisons vides, aux noires fenêtres, des trous mortuaires, paraissaient faiblir, fléchir, vaciller, tomber sous des forces lourdes. Et tout cela était d’un sale jaune de vieux soufre vert de grisé. Un paysage lunaire, disait un savant près de moi quand je regardais cela. Un paysage d’enfer a riposté l’homme de barre, un nègre qui voyait plus juste que le savant…

… Et aussi partout des blocs énormes. Dans ses convulsions, le volcan jette des blocs de pierres qui pèsent plusieurs tonnes. Et il les jette aussi loin que des poussières, à des kilomètres.


VII

LE CRATÈRE


On a publié beaucoup de fantaisies, en Amérique principalement, sur le cratère.

Voici ce que j’ai vu, photographié et dessiné.

Une large fente ouvrant la montagne sur 2 à 300 mètres, suivant une ligne Nord-Est-Sud-Ouest.

Cette fente, partant du sommet en circonférence, sommet devenu un trou au milieu duquel pointait un cône paraissant écrêté, mais dont jamais on n’a pu voir