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tion de l’île, et ses recommandations furent largement suivies.

Aussi, avant de partir, une lettre rédigée par M. Horatio Patterson, et de sa plus belle écriture, — lettre signée des neuf lauréats, — transmit-elle à Son Excellence les plus vifs témoignages de gratitude.

Ce fut le 1er  août que l’Alert sortit du port de Christianstoed. Puis, une fois hors des passes, par petite brise et sous l’allure du plus près, il mit le cap à l’est en se dirigeant vers Saint-Martin.

Jules Verne.

(La suite prochainement.)

MONOGRAPHIE ORNITHOLOGIQUE

LES NIDS CURIEUX DES PETITS OISEAUX

Quand le soleil de juin crible de ses flèches les taillis et les champs, un hymne de bonheur et de reconnaissance plane sur la terre en fleur, s’épand en notes graciles et fraîches, harmonie divine dont les exécutants invisibles sont les petits oiseaux. En cet heureux temps, chaque buisson, chaque trochée recèle un nid, les touffes d’épine noire, les jaunes cytises deviennent le rendez-vous préféré des chanteurs ailés, et c’est dans un concert perpétuel que se bâtissent et s’élèvent ces édifices fragiles éclos chaque année au souffle ardent du renouveau.

Qu’ils sont coquets et légers, ces nids qu’un inéluctable instinct suggère à l’oiseau ! Quelle merveilleuse entente des sciences dont l’homme, présomptueux, croit être seul à détenir les secrets ! Tour à tour charpentier et maçon, menuisier, tisserand, décorateur de goût, il semble que cette petite âme emplumée se hausse, sous l’empire de l’amour maternel, au degré d’intelligence dévolu aux êtres les plus haut placés dans l’échelle naturelle.

En juin, une promenade à la campagne n’est pas seulement un plaisir, une leçon de choses instructive, c’est encore matière à rêveries et à problèmes déconcertants par leur variété et leur profusion.

Un coup d’œil, hâtivement jeté sur les demeures des oiseaux, va nous renseigner sur leur originalité.

À tout seigneur, tout honneur : j’entends là-bas, sur ce grand frêne, le chant flûté du loriot. Sa voix grasseyante et moqueuse semble encore obstruée par les noyaux des cerises dont, l’an dernier, il s’est gavé. Certainement le nid n’est pas loin. Tenez, voyez là-haut, à l’intersection d’une maîtresse branche, un amas de menues herbes sèches qui, de loin, affecte la forme d’un minuscule bénitier. Si l’arbre était d’un abord plus facile et qu’on y pût grimper, voici ce que nous y verrions : une coupe circulaire, merveilleusement tressée, exempte pourtant du confort superflu et habituel à beaucoup d’espèces, tel que lits de plumes et de crin, canapés rembourrés de duvet ou de coton. Non, rien autre que de souples libres ; mais quelle entente de la construction et quelle solidité de l’ensemble ! Les bordures du nid s’enroulent autour des branches de telle sorte que, pour l’en arracher, il faudrait briser l’édifice tout entier. Quant aux fondations, elles sont souvent quelconques. L’élégant compère loriot, vêtu d’or